Préface de Guillaume de Thieulloy.
PRESENT n° 9707 du 26 septembre 2020, Alain Sanders :
Loin du folklore idéologique du " Cathareland "
Solidement enraciné dans son Bigorre natal, il y a longtemps que Bernard Antony est « mâché » (comme on dit là-bas) par l’instrumentalisation touristique d’un pseudo « pays cathare » et, plus encore, par l’instrumentalisation politico-religieuse du catharisme.
Il a donc décidé d’en finir avec cette double entourloupe, l’une folklorique, l’autre plus pernicieuse. Avec un livre au titre explicite : Pour en finir avec le " pays cathare ". Un livre qui aurait pu trouver sa place dans la collection " La Désinformation autour de… " de l’Atelier Fol’Fer, mais qui, vu son ampleur et son ambition, est accueilli dans la collection "Xénophon" de cette maison d’édition.
La subversion hérétique cathare a sévi plus d’un demi-siècle. Elle couvrit les règnes de Philippe Auguste, Louis VIII le Lion, et saint Louis. Elle débuta par une croisade ordonnée par la papauté et se poursuivit par une indéniable guerre de conquête. Elle donna lieu à des massacres monstrueux. L’un et l’autre camp n’ayant pas le privilège de l’horreur en ces temps rudes.
Porté par les questions toujours pertinentes et incitatives de Cécile Montmirail, Bernard Antony exprime deux refus. Le premier étant dit dans le titre même de l’ouvrage : en finir avec le fantasme d’un "pays cathare" unanimement dressé contre les hommes du Nord, les Français". Bernard Antony réfute l’étiquetage "cathare" d’un territoire méridional riche d’une immense histoire et d’une identité civilisationnelle qui ne se résument pas à l’épiphénomène cathare.
Le second refus est ainsi développé : "Certes, le catharisme a religieusement et historiquement presque totalement disparu depuis ses dernières résurgences à la fin du XIIIe siècle. Mais il n’est pas aberrant de trouver quelque analogie entre les doctrines manichéennes et cathares d’hier et les idéologies nihilistes d’aujourd’hui " .
En son temps le catharisme, qui haïssait le monde, fut une "culture de mort". D’où la nécessité d’en finir avec une fantasmagorie délétère. Préfacier du livre, Guillaume de Eieulloy écrit notamment que Bernard Antony nous apprend à ne pas porter de jugement… manichéen sur les principaux personnages : "Le pas d’amalgame, que la caste politico-médiatique revendique si souvent dans d’autres contextes, devrait être particulièrement appliqué en histoire – à côté de l’interdit de l’anachronisme, lui aussi souvent rappelé par l’auteur (…). Nos prédécesseurs étaient, comme nous, des êtres humains marqués par le péché, avec leurs aspects lumineux et ténébreux. "
On est ainsi aux antipodes de ce folklore catharisant qui faisait écrire à Georges Bordonove, en toute fin de sa Tragédie cathare (Pygmalion, 1991) : " Désormais, dans la terre de Languedoc, se confond la poussière de ceux qui firent l’Histoire et de ceux qui tissèrent l’humble trame des jours. Les autans ont mêlé de leur souffle les cendres des brûlés de Montségur et celles des inquisiteurs d’Avignonet (…). Des souvenirs persistent : les Toulousains n’ont pas oublié les comtes Raymond ; les Carcassonnais révèrent la mémoire des Trencavel et les Minervois sourient en parlant du vicomte Guilhem. " Les Toulousains, les Carcassonnais d’aujourd’hui et leurs quartiers où l’on parle, hélas, plus arabe qu’occitan ? Un Languedoc rêvé, une Occitanie fantasmée…
Oui, dira t-on, mais quand même l’Inquisition… Bernard Antony ne fait pas l’impasse sur cette institution pour laquelle il ne nourrit pas, et il le dit avec force, une affection particulière… On lira le chapitre intitulé "Le temps de l’Inquisition" qui, loin des caricatures habituelles – et, là encore, des fantasmes récurrents – ne laisse rien dans l’ombre. Avec cette réflexion que l’on peut faire nôtre : " La chrétienté de Jeanne d’Arc, heureusement, ne saurait être ramenée à l’Inquisition de l’évêque Cauchon".
Le phénomène cathare en Languedoc, aux XIIe et XIIIe siècles, est l’aboutissement d’un plus large phénomène millénaire de courants gnostiques et d’hérésies manichéennes venus d’Orient et de l’Europe balkanique. Il relève du passé. Mais pas seulement.
L’instrumentalisation touristique d’un pseudo « pays cathare » actuel fait, à l’évidence, bon ménage avec une intentionnalité idéologique politico-religieuse. Le catharisme est systématiquement placé dans le camp du bien, celui d’une authenticité évangélique paléo-chrétienne. L’Église catholique romaine est dans le camp du mal, celui des affreux croisés, comme disent les islamistes. C’est somme toute un traitement manichéen, au sens actuel du mot, de ce néo-manichéisme que l’on appellerait catharisme.
La vérité, c’est que, plus qu’une hérésie, ce fut une véritable religion qui professait la haine de la Création, de l’Incarnation, de la transmission de la vie. Nonobstant ses affirmations d’appartenance chrétienne, il s’agissait d’un réel nihilisme. Déjà. On en retrouve aujourd’hui les idées fondamentales dans ce que saint Jean-Paul II désigna en effet prophétiquement par l’expression de « culture de mort » : celle de la barbarie contemporaine.
Voilà pourquoi il faut à la fois en finir avec l’entourloupe " marketing " du pseudo " pays cathare" et avec la désinformation historico-religieuse sur le catharisme réel. Mais il faut aussi s’interroger sur la manière dont il fut combattu et sur ce qui en a résulté pour l’Église catholique. C’est à cette tâche que s’est consacré avec sa coutumière rigueur, Bernard Antony, répondant aux questions pertinentes de Cécile Montmirail. Leur ouvrage nous amène aussi par l’abondance des citations, pour la plupart extraites des sources d’époque, dans une passionnante plongée dans l’univers culturel de la chrétienté médiévale.
Catégories | Livres Histoire Etudes |
Éditeur | Atelier Fol'Fer |
Reliure | Broché |
Parution | Septembre 2020 |
Nombre de pages | 272 |
Hauteur | 24 |
Largeur | 16 |
ISBN | 9782357911253 |
La vérité, c’est que, plus qu’une hérésie, ce fut une véritable religion qui professait la haine de la Création, de l’Incarnation, de la transmission de la vie. Nonobstant ses affirmations d’appartenance chrétienne, il s’agissait d’un réel nihilisme.
Cette doctrine fut condamnée comme hérétique au IVe concile de Latran en 1215.
Ce Mr parle d'un sujet qu'il ne connaît manifestement pas ! Le Catharisme était un Christianisme !