Une synthèse globale par un spécialiste incontesté.
À travers cette vaste fresque, l'auteur s'attache à ce que l'on comprenne la Russie avant de la juger – elle qui reste en effet mal connue et souvent critiquée. À ce que l'on apprenne, aussi, à apprécier ses inépuisables richesses. Une somme brillante et enlevée, qui fera date.
PRESENT, décembre 2020, Adèle Bernabe, décembre 2020 :
Une Histoire de la Russie, de Jean-Pierre Arrignon, est un ouvrage destiné à quiconque s’intéresse au passé et au présent de ce grand pays. L’auteur explique les événements politiques, économiques, artistiques, culturels et cultuels qui ont permis à la Russie de se transformer au fil du temps et de n’avoir jamais cessé d’être une grande puissance, tant en matière politique, internationale, industrielle, agricole, scientifique ou économique. Ce qui n’est pas allé sans difficultés liées à de très nombreux évènements, comme la révolution bolchevique, ou aux guerres : la Russie totalitaire de Staline a ainsi payé le prix fort, sur le plan humain, durant la Seconde Guerre mondiale.
« Notre liberté se bâtit sur ce qu’autrui ignore de nos existences », disait l’écrivain russe Alexandre Soljenitsyne. Cette phrase indique bien ce qu’est la plus grande nation du monde, s’étendant sur deux continents, à l’histoire, la culture ou la tradition ignorées de la plupart de nos contemporains. Sous le gouvernement de Poutine, la Russie est souvent jugée négativement. L’Europe de l’Ouest accuse généralement le chef d’Etat russe de ne pas respecter droits et libertés individuelles. Une critique facile au regard d’un pays immense dont l’histoire ressemble à s’y méprendre à une tragédie. Une histoire qui n’a pas empêché les Russes de réussir dans nombre de domaines, comme l’attestent quantité de prix Nobel. La lecture de cet essai permet de bien saisir l’héritage culturel de la Russie, un héritage d’une richesse surprenante, bien au-delà de ses œuvres artistiques célèbres. Ne parle-t-on pas, et à juste titre, d’« âme russe » ? Une expression qui recouvre tous les domaines de l’histoire de ce pays. Jean-Pierre Arrignon, spécialiste de la Russie, donne à lire un essai de référence.
LE FIGARO HISTOIRE, novembre 2020 :
La Russie aujourd’hui a retrouvé son nom, et ce faisant, doit assumer un lourd héritage qui la fragilise autant qu’il la renforce", écrit Jean-Pierre Arrignon en exergue de cette belle synthèse, éclairante et stimulante. Eclairante car l’auteur montre l’importance de l’empreinte laissée par l’Empire byzantin, lorsque les Slaves n’étaient pas encore installés sur ce vaste territoire, puis lorsqu’ils prirent Kiev pour capitale. Il étudie la notion de pouvoir sous les règnes d’Ivan IV le Terrible, le premier des "tsars", ayant repris la titulature impériale vacante depuis 1453, puis des Romanov qui imposent l’image d’une Russie conquérante. L’analyse est vigoureuse, appuyée sur des sources diverses que l’historien, sans aucun doute le meilleure spécialiste russophone, a longuement fréquentées. Il souligne que la Russie est la fille aînée de Constantinople et que l’ancrage byzantin éclaire jusqu’à l’époque contemporaine. Les huit derniers chapitres sont consacrés à l’URSS, de la révolution de 1917 aux dernières années, entre 1985 et 1999.
L’ouvrage est aussi stimulant puisqu’il montre que les difficultés matérielles à la chute de l’URSS ont pu être surmontées grâce à l’héritage culturel très ancien que le communisme n’a pas fait disparaître. Un livre majeur. "
L'originalité de ce livre repose d'abord sur une conception globale de l'Histoire, ce qui signifie qu'outre la trame chronologique sans laquelle il n'y a pas d'histoire, le lecteur y trouvera une large ouverture sur les recherches conduites par les Russes à travers les siècles. La littérature russe depuis le Moyen Age, la musique, l'art en particulier, l'architecture et la peinture, mais aussi, ce qui est plus rare, la danse, le théâtre, le cinéma - qui ont été des éléments clés de la Révolution de 1917 - y trouvent ainsi une juste place.
La seconde particularité de ce livre est de considérer la Russie comme la fille aînée de Constantinople. La Russie, en effet, fait son entrée dans le monde civilisé portée par l'Empire byzantin. Sans Byzance, la compréhension de la Russie contemporaine s'avère difficile, tant d'un point politique que culturel et religieux. Enfin, il ne s'agit pas d'une histoire engagée mais, fidèle à la tradition incarnée par l'école des Annales, d'une recherche de la vérité historique de la manière la plus exhaustive possible.
Une somme qui fera date par l'un des meilleures spécialistes.