Éloge spirituel de l'imperfection

ZELIE, Solange Pinilla, janvier 2024 :

   Rappelons-le une fois pour toutes : même la personne la plus magnifique, inspirante, lumineuse, idéale en apparence, est imparfaite. Nous sommes tous des « glaiseux » (le mot adam ayant cette signification), avec nos tiraillements et nos chutes. On le voit bien avec les apôtres, choisis par Jésus, à commencer par son chef, Pierre, qui a renié trois fois son Maître. Dans ce petit Éloge spirituel de l’imperfection, la journaliste et auteur Alexia Vidot nous invite à voir la sainteté, non pas comme le pharisien qui « coche toutes les cases » de la bonne conduite religieuse, mais comme le publicain, conscient de ses péchés, qui prie et qui attend tout du Seigneur.

   Car la clef de la sainteté est bien là : loin de se croire meilleur que les autres (car « celui qui a une entière conscience de ses propres imperfections ne s’étonne plus de celles d’autrui », souligne Alexia Vidot), l’être humain en quête de Dieu a confiance en Celui qui s’adapte à notre faible capacité à aimer. Comme le dit Marie Noël, que l’auteur cite longuement, ainsi que Bernanos, « la sainteté, ce n’est pas une vertu (...), ce n’est pas ta perfection. "La sainteté, c’est Moi, Dieu, en toi, l’homme" ».

    Pour ne plus porter au pinacle des figures idéales et idéalisées, il y a urgence à consentir à ce que nous sommes : des glaiseux et non pas des anges.

    Nul ne peut s'extraire du monde et de l'humaine condition avec son inévitable cortège de contrariétés, de pauvretés, d'ombres et de noirceurs… Comment assumer nos limites au lieu de les masquer ? Comment s'aimer de façon juste sans se déprécier ou s'illusionner ?

    L'éloge spirituel de l'imperfection ne peut être que celui d'une perfection bien comprise, c'est-à-dire celui de la sainteté, la vraie.

    Avec saint Paul, Bernanos, Marie Noël et tant d'autres voix inspirées, Alexia Vidot sonde notre coeur et dessille notre regard pour nous rappeler comment Dieu transforme notre boue en or.