La fabrique de la morale au Moyen Âge - Vices, normes et identités (Bretagne, XIIe-XVe siècles)

Préface de Silvana Vecchio.

Avec le soutien de la Société Archéologique du Finistère et du laboratoire Tempora de l'université Rennes 2. 

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HISTOIRE ET CIVILISATIONS, François Kasbi :

   « Sans la catégorie de péché, la civilisation médiévale est […] impensable. » Muni de ce viatique, Laurent Guitton a rédigé sa colossale thèse. Le péché – ou vice – est la clé qui lui permet d’analyser les discours sur la société et le pouvoir, sous-jacents à la « fabrique de la morale » au Moyen Âge. On connaît les « sept péchés capitaux » (septénaire grégorien des vices) : Guitton examine le caractère évolutif, polyvalent, de ce qu’ils désignent. Exemple : l’usure, la corruption, le non-paiement de la dîme sont « des comportements qui renvoient à des contextes sociaux très différents, mais aux yeux des moralistes du XIIe au XVIe siècle, ils signalent un seul péché : l’avarice. »

   C’est cette évolution continue (selon l’époque, le milieu social, la géographie – ici, la Bretagne, « espace d’échelle moyenne présentant une forte cohérence politique et sociologique ») qui occupe Guitton, cette « fabrique » – redéfinition des « déviances qui se cachent derrière [les] péchés capitaux », dont l’État et l’Église font une arme de contrôle politique, qu’ils instrumentalisent pour se légitimer.

   Guitton ne revient pas sur la « classification des vices » qui ont fasciné théologiens et moralistes mais sur l’« univers de fautes » qu’ils définissent : l’analyse des catégories sociales concernées par un système de valeur évolutif, plutôt qu’une « taxonomie abstraite des péchés. » Une historicité du « péché » qui restitue « les formes d’adaptation de la pensée morale aux changements culturels au sein de la société médiévale ».

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Au sommaire :

Dénoncer le péché pour reformer la société (XIIe siècle)

  • Marbode de Rennes et Baudri de Bourgueil. Deux prélats tourmentés par le péché
  • L’imaginaire peccamineux du féodalisme. Le Livre des manières d’Étienne de Fougères
  • Les sculptures romanes. Une morale en images

Deux siècles de moralisation par l’église (XIVe-XVe siècle)

  • La pastorale des vices. Dire la norme morale
  • Montrer la norme morale. Vices et péchés dans la sculpture

La distinction morale dans la littérature de cour en Bretagne sous les Montforts (fin XIVe – début XVIe siècle)

  • Des identités collectives corrompues par le péché
  • « Les plus pecheurs sont des meilleurs l’eslite ». Gouvernés et dominants face aux vices
  • Le miroir en négatif du prince parfait

   Des Français orgueilleux, des femmes luxurieuses, des gens du peuple ivrognes et paresseux, des courtisans cupides et envieux, des souverains sodomites : telles sont, entre autres, les figures récurrentes d'une véritable fabrique de la morale à l'oeuvre en Bretagne entre les XIIe et XVe siècles. En faisant de ce duché un laboratoire d'observation privilégié, ce livre reconstruit les modalités par lesquelles l'Eglise et l'Etat mettent en place les normes morales essentielles à la définition et à la consolidation d'un ordre politique et social.

   En s'appuyant sur le concept de péché et en l'adaptant aux différents contextes, ces institutions forgent des identités d'exclusion à partir de la religion, de la nationalité, du statut social, du genre ou de l'âge, qu'elles médiatisent dans l'espace public par une pluralité de discours. La fabrique de la morale devient ainsi une arme de culpabilisation des sujets bretons, mais aussi un instrument de stigmatisation d'une altérité menaçante, visant à justifier l'obéissance aux pouvoirs établis.

   Fondé sur des concepts transdisciplinaires et des sources variées (productions juridiques, oeuvres de pastorale, textes littéraires, sculptures), cet ouvrage est destiné aussi bien aux historiens et chercheurs en sciences sociales qu'à tout public soucieux de saisir les ressorts de la domination idéologique au Moyen Age

   

   Laurent Guitton est agrégé d’histoire, docteur en histoire médiévale et membre de l’unité de recherche Tempora. Il a notamment publié La Malédiction des sept péchés (PUR, 2017) et vient de faire paraître une édition critique de l’obituaire de l’église paroissiale Saint-Sauveur de Dinan (Peeters, 2021).

 

9782753585904

Fiche technique

Reliure
Broché, couverture souple
Nombre de pages
524
Hauteur
24
Largeur
16
Épaisseur
4
Poids en KG
0.880

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