Préface de l'abbé Guillaume de Tanoüarn,
Postface de Denis Sureau.
" Juste de quoi reconquérir par petits bouts notre liberté perdue en l’adossant à quelques certitudes ".
LE NOUVEAU PRESENT, entretien de Philippe Vilgier, 18 octobre 2023 :
Avec La Tradition sans complexe, grâce à un abécédaire et à divers portraits d’écrivains, il présente de façon synthétique une critique radicale de la modernité.
- Les six écrivains dont vous faites état – Denis de Rougemont, Gustave Thibon, Pierre-Joseph Proudhon, Pierre Drieu La Rochelle, Georges Bernanos, Paul Sérant – sont très différents. Pourquoi les avoir réunis ?
- Arnaud Guyot-Jeannin : j’ai réuni ces six figures parce qu’elles constituent, à différents niveaux, l’avant-garde traditionaliste-révolutionnaire de mon livre. Je fais le pari de défendre un catholicisme traditionaliste, un traditionalisme contre-révolutionnaire, un traditionalisme maurrassien, un traditionalisme ethnoculturel et un traditionalisme guénonien – dans une certaine mesure- tous ensemble. Gustave Thibon et Paul Sérant répondent à toutes ces dénominations. Les autres écrivains sélectionnés sont des antimodernes qui rejoignent les préoccupations d’un traditionalisme réconcilié et unifié. Dans un précédent ouvrage, j’avais déjà cité certains des auteurs qui représentent et comptent parmi cette « avant-garde de la Tradition dans la culture » : Vladimir Soloviev, Henry Montaigu, Charles Maurras, Simone Weil, G.K Chesterton, René Guénon et quelques autres. Ces noms doivent s’y ajouter à ceux mentionnés dans ce nouvel essai.
- En récusant la Tradition, « l’hypermodernité » actuelle engendrerait une « société liquide ». Pouvez-vous préciser ?
- La modernité peut se définir comme un modèle de civilisation qui remonte historiquement à la Renaissance et au processus de sécularisation/laïcisation du christianisme. Les grands récits de la modernité (marxisme, racisme etc) ont accouché de totalitarismes (communisme, national-socialisme). Mais, ces derniers ont fini par disparaître sous le joug trop lourd de leur démesure. L’hypermodernité, sévissant de nos jours, lui succède en engendrant une « société liquide » pour reprendre l’expression ingénieuse de Zygmunt Bauman, c’est-à-dire une société fluide, mouvante, homogène et éphémère. Une société de flux : flux technologiques, flux d’informations, flux de marchandises, flux migratoires, flux numériques et flux financiers. Les reflux ne tardent pas à arriver en provoquant les crises précédemment citées. Le dématérialisme cède le pas au matérialisme. Le réel fait place au virtuel. Nous vivons alors dans un monde hypermoderne où règne l’efficience immédiate, l’opérativité mathématique des chiffres et des nombres, du jetable et du « Tout, tout de suite ». Une hypermodernité hybride et mutante dans laquelle vivent des robots, des adulescents impatients et pas finis. A cette société liquide, a correspondu une « solidification » du monde moderne qui conduit à sa « dissolution » comme l’avait bien noté René Guénon, en son temps. En somme, à la liquidation (aux deux sens du terme) de celui-ci.
- A vous lire, la Tradition et les États-Unis ne font pas bon ménage. Comment l’expliquer ?
- Les États-Unis représentent le Nouveau monde. Il s’accomplit politiquement et historiquement au moment de l’émergence des trois grandes révolutions bourgeoises de l’ère moderne. Née d’un refus de l’Europe, l’Amérique du Nord s’est même construite contre celle-ci qu’incarnait le Vieux monde. De fait, les États-Unis rejettent l’Ancienne France et la vieille Europe que la plupart des Américains ne sont pas capables de situer géographiquement sur une carte du monde. Les sociétés européennes traditionnelles divulguaient une spiritualité païenne, puis chrétienne où les valeurs aristocratiques et populaires dominaient les valeurs bourgeoises. Les idéologies de la modernité, et donc aussi de l’américanité, l’individualisme, l’utilitarisme et l’égalitarisme sont diffusées sous l’horizon du mythe de la croissance, de l’homogénéisation des modes de vies et de l’axiomatique de l’intérêt. Le processus de l’hypermodernité est alors enclenché. Remettons donc à l’honneur les valeurs partagées du don et du contre-don, du désintéressement et de la gratuité, de la bravoure et de la justice, du sens communautaire et de la décence commune.
" Le passé est un éternel présent pour l’homme en marche vers son destin ", affirme Arnaud Guyot-Jeannin.
L’abécédaire qu’il nous propose et les portraits d’écrivains qui suivent – Denis de Rougemont, Gustave Thibon, Pierre-Joseph Proudhon, Pierre Drieu la Rochelle, Georges Bernanos et Paul Sérant – sont autant de portes ouvertes sur le temps, invitant le lecteur à y piocher des fragments salutaires. Il découvrira ce que peut recouvrir une vision du monde traditionaliste révolutionnaire, tentant de conjuguer la vérité et la liberté pour le guider dans sa vie et sa pensée.
Cet ouvrage dense et synthétique s’emploie à dresser une critique radicale de la modernité et de l’hypermodernité au nom de la Tradition catholique, contrerévolutionnaire, maurrassienne, ethnoculturelle et guénonienne (sachant que la « Tradition primordiale » reste pourtant une hypothèse d’école assez douteuse). Comme l’écrit l’abbé Guillaume de Tanoüarn en préface de ce livre : " Juste de quoi reconquérir par petits bouts notre liberté perdue en l’adossant à quelques certitudes ".
Fiche technique
- Collection
- Dans l'arène
- Reliure
- Broché
- Parution
- Octobre 2023
- Nombre de pages
- 186
- Hauteur
- 19
- Largeur
- 12
- Épaisseur
- 1.3
- Poids
- 0.180 kg
- ISBN
- 9782493898951