Dépassons-nous !

   Il est évident, pour qui sait lire les signes des temps, que le monde moderne présente une occasion unique de prêcher la véritable libération dans le Christ, à la fois libération du péché et appel aux sommets. Qu’ils espèrent réaliser une humanité fraternelle dans la construction de la cité collective, ou échapper au cercle étouffant de l’universel absurde dans l’exaspération de leur existence libre, combien de nos contemporains de bonne volonté, égarés par les fausses mystiques du jour, viendraient à l’Église s’ils en comprenaient la vie pour ce qu’elle est : construction de la Cité de Dieu, où, en s’engageant, l’homme s’élève, et, en s’élevant, en se dépassant, il s’achève.

   Ce sont les étapes de cette ascension que décrit Dépassons-nous ! en des pages exaltantes, mystiques et pratiques, optimistes et réalistes, synthèse de l’idéal chrétien, vu et présenté par un prélat américain qui connaît son temps et parle la langue de son temps, par celui qu’on appelait outre-Atlantique le grand convertisseur.

 Mgr Fulton Sheen n’était d’ailleurs pas un inconnu en France, depuis que « Sélection » et la plupart de nos grands journaux et revues catholiques de l’époque en avaient retracé, d’après un retentissant article de Time, la captivante personnalité et l’étonnante carrière.

   Directeur de l’œuvre de la Propagation de la Foi aux États-Unis, Mgr Sheen était probablement celui dont l’apostolat fut le plus fructueux. On lui attribue des milliers de conversions, dont bon nombre firent éclat : Fritz Kreisler, le violoniste ; Henri Ford II, de l’auto ; des diplomates, des cambrioleurs fameux, des actrices, des leaders communistes...

    Vedette de la Radio, sa demi-heure de télévision hebdomadaire, intitulée « La vie vaut d’être vécue » était relayée par 30 stations, avait une cote comme n’en connut jamais aucun programme religieux : deux millions de spectateurs. Le Pape Pie XII lui-même était un de ses fidèles auditeurs à Rome.

    Homme d’expérience et de culture universelles, agrégé de l’Université de Louvain, vicaire à Londres et professeur au Grand Séminaire de Westminster, avant d’exercer son ministère en des milieux fort divers aux États-Unis et de devenir évêque auxiliaire de New-York, Mgr Fulton Sheen connaissait et admirait la France. Après saint Augustin et saint Thomas, ce sont des saints de France, qu’il cite le plus volontiers.

    Son message « Dépassons-nous » doit trouver le même succès en français que dans sa version première. Savoureusement original de par sa conception même à l’américaine, il nous prouve à sa façon que « le catholicisme ne signifie à aucun degré le nivellement des mentalités, mais au contraire leur pluralisme dans l’unité de la foi »