Jean Raspail, aventurier de l'ailleurs
Préface de Erik Orsenna de l'Académie française
Pour le centenaire de la naissance de Jean Raspail, une première biographie.
"Au catalogue des écrivains, je figure généralement, à la rubrique des mythes et causes perdues". J. Raspail.
Voici enfin la figure tutélaire des écrivains voyageurs révélée. Voici une biographie, en même temps que passionnante, bienvenue ! Celle d'un écrivain ostracisé car trop souvent réduit à l'un de ses livres. Et non à la lecture attentive de ce livre Le Camp des Saints, mais à la polémique qu'il suscita. Voici le récit d’une existence bien plus riche, diverse, généreuse et contradictoire. Voici un récit aussi haletant que la vie de son personnage !"
LA NEF, 5 juillet 2025, Henri Quantin :
Jean Raspail serait-il plus lu ou moins lu, s’il n’avait pas écrit Le Camp des saints, ce « tremplin » et cette « casserole » ? Tremplin par des ventes impressionnantes et des traductions dans le monde entier, casserole quand on fit croire que devenir son lecteur supposait d’embrasser les idées politiques associées, rétrospectivement, au roman. Visionnaire annonçant le grand remplacement ou écrivain préféré des néo-fascistes, telle devint la question obligatoire. Une chose est certaine : sans ces polémiques, Raspail serait mieux lu. Le roman vénéré ou honni prendrait lui-même sa place dans une œuvre qui ne cesse de s’interroger sur la mort et la vie des civilisations, qu’il s’agisse de chrétiens occidentaux ou d’Alakalufs chiliens.
C’est pourquoi la très bonne biographie de Philippe Hemsen est un bol d’oxygène au milieu des procès qui toujours amputent, toujours simplifient, toujours condamnent. « Aventurier de l’ailleurs » : le sous-titre ne vaut pas que pour la vie de Raspail, mais pour l’impression qu’a le lecteur de voyager avec lui à travers l’espace et le temps. Non seulement Hemsen ne confond jamais le romancier avec un auteur engagé, mais il nous ouvre les horizons innombrables que Raspail a désignés, contemplés ou inventés. Très documenté, sans pour autant se perdre dans l’anecdotique, Hemsen nous fait suivre les traces de l’adolescent fugueur qui découvrit le scoutisme comme une planche de salut, du jeune héros international reçu à l’Élysée après avoir parcouru 4565 kilomètres en canot sur les rivières américaines, de l’ami de Jean Anouilh, du consul de Patagonie enfantant des concitoyens du royaume imaginaire, ou encore de l’homme qui convainquit Mitterrand d’autoriser un hommage à Louis XVI le 21 janvier 1993 sur la place de la Concorde.
Dans cette biographie qui atteint un parfait équilibre entre la vie de l’homme et les analyses de l’œuvre, chacun trouvera sûrement une image ou un texte à garder en souvenir du centenaire de la naissance de Raspail. Pour nous, ce sera sa passion pour Le capitaine Fracasse de Théophile Gautier, lointain ancêtre de ses Pikkendorff : l’aventurier de l’ailleurs est un homme qui ne cherche jamais autant à sauver l’épopée que quand il sait que c’est trop tard.
LE NOUVEAU PRESENT, Francis Bergeron, 4 juillet 2025 : "Je pensais voir la signature de Sylvain Tesson, d’Alain Sanders ou de François Tulli".
[...] Globalement je trouve l’analyse de cet ami pertinente quoiqu’un peu sévère à l’égard de Philippe Hemsen et un peu indulgente pour la préface d’Erik Orsenna. J’avoue que je ne m’attendais pas à trouver Orsenna en préfacier de cette biographie bienveillante. Je pensais plutôt voir la signature de Sylvain Tesson, d’Alain Sanders ou de François Tulli. J’ignorais même qu’Orsenna, que je savais proche de Mitterrand dont il avait écrit un temps les discours, groupie de François Hollande, mais passionné aussi de Tintin, considérait Le camp des saints comme un chef d’œuvre, ce qu’il écrit noir sur blanc dans cette préface. Alors que Le Nouvel Observateur définissait Le camp des saints comme « un nanar d’épouvante », « authentique morceau de névrose raciale ».
Ce qui n’empêche pas Orsenna de nous assener, à la fin de sa préface, les pires formules du prêt-à-penser, comme celle-ci : « L’immigration, que nous le voulions ou non, va continuer de s’amplifier, pour des raisons économiques, guerrières ou climatiques ». Ou encore « Car ici, en tant d’autres endroits, ce sont les Occidentaux, les Blancs qui envahissent ». Mais qu’est-ce que la couleur de la peau a à voir avec les données géopolitiques ou climatiques ? Découvrir ces lignes dans la préface d’une biographie de Raspail, c’est comme un crachat sur sa tombe. Un crachat comparable à celui qu’avait constitué l’avant-propos négatif du PDG des éditions Robert Laffont à la réédition du Camp des saints en 2011. Un éditeur qui déjuge son auteur ? Un éditeur qui semble vouloir mettre en garde contre la lecture de ce roman ? Incroyable et grotesque !
La cohérence globale de l’oeuvre : Après ces critiques, marques d’une déception, concluons néanmoins sur le fait que cette biographie nous fait toucher du doigt la cohérence globale de l’œuvre de Raspail, et surtout nous donne envie de relire certaines de ses œuvres parfois considérées comme mineures, par rapport au cycle patagon, au cycle Pikkendorff. Je pense à La hache des steppes, aux Hussards, à L’île bleue, à ses enquêtes chez les Indiens d’Amérique, aux Antilles et aux Caraïbes, ou encore à ce livre si drôle : Bienvenue honorables visiteurs, connu aussi sous le titre Le vent des pins.
C’est donc un livre utile. Mais « il reste encore de la place pour une autre approche du personnage », comme le dit cet ami. Nous attendons d’autres essais, d’autres biographies, qui concourront à donner à l’œuvre de Jean Raspail la place qu’elle mérite dans le monde littéraire, dans le monde des idées et, hélas, avec Le camp des saints, dans la littérature d’anticipation, car ce livre « décrit une anticipation qui ne l’est pas », comme lui avait écrit Lionel Jospin. Ah le double langage des hommes de pouvoir !
PERLES DE CULTURE, TV LIBERTE, Anne Brassié, 14 mai 2025 :
Anne Brassié reçoit Philippe Hemsen pour sa biographie de Jean Raspail publiée chez Albin Michel. Ce dernier a choisi son biographe de son vivant et lui a laissé ses archives.
Après les injures et l’ostracisme subis par l’écrivain pour « Le camp des saints », l’homme véritable apparaît grâce à ce travail qui se dévore au galop. L’adolescent qui s’ennuyait en classe est parti en canot sur les chemins d’eau du roi, sur la piste des Indiens, puis des Alakalufs, des Aïnous, des Incas ou les peuplades des îles, tous en voie de disparition. Un jour, il sentit que notre sort de vieux européens ressemblerait au leur.
Sa mission fut d’alerter, les acteurs de notre disparition n’ont pas aimé mais que peuvent-ils contre un écrivain ? Rien…
MEDIAS PRESSE INFO, Laure Macaire, 13 mai 2025
Cette biographie vous fera voyager avec deux guides incomparables, Jean Raspail et Philippe Hemsen, le second complétant précieusement le premier. Mais elle vous permettra aussi de plonger, sans fard ni tabou, dans « le cas Raspail », qui ne fut pas du tout seulement « un écrivain de voyage », un pourvoyeur d’exotisme. Mais, par bien des aspects, un visionnaire qui ose aborder les réalités qui dérangent. …
LE SALON BEIGE, 1er mai 2025 : lire l'article en entier
Jean Raspail, une première biographie pour les 100 ans de sa naissance. Voyages, voyages…
[...] Cet incroyable périple, dans lequel Philippe Hemsen nous embarque avec toujours la même verve, va commencer par un coup de foudre géographique. Dans cet extrême Sud de l’Amérique Raspail va rencontrer des paysages et des peuples selon son cœur. Il y reviendra souvent et notamment pour y écrire Qui se souvient des hommes… , ces « hommes » étant les Alakalufs, assassinés quasi un par un par tous les colonisateurs….
Grâce à la grande maîtrise avec laquelle Jean Raspail sait évoquer dans ses romans, l’espace géographique qu’il y invente à partir de la réalité, il parvient à nous transporter avec une vigueur, une telle finesse de détails que l’on peine à en sortir et peut-être, surtout, à ne pas le tenir pour la réalité. La plus singulière, la plus fabuleuse de ces « extensions » de l’univers romanesques de Jean Raspail dans le réel fut sans conteste la Patagonie !…
Cette biographie vous fera voyager avec deux guides incomparables, Jean Raspail et Philippe Hemsen, le second complétant précieusement le premier. Mais elle vous permettra aussi de plonger, sans fard ni tabou, dans « le cas Raspail », qui ne fut pas du tout seulement « un écrivain de voyage », un pourvoyeur d’exotisme. Mais, par bien des aspects, un visionnaire qui ose aborder les réalités qui dérangent. …
Au sommaire :
- Préface - Avant-propos : L'écho de son rêve
- UN ROYAUME A DECOUVRIR : Le vert paradis des amours enfantines - L'art de la fugue - Au pied du mur - "Et si la route te manque, fais-là".
- UN ROYAUME A CONQUERIR : Entre-deux - La fonction du voyage - Les paradoxes d'une expédition - Le tournant - D'Erquy au Japon, la tentation du roman - Le regard du voyageur - Echouages
- DANS L EMBRASURE DE LA PORTE: La fonction de l'écriture - Inversions des perspectives - Un écrivain engagé ?
- UN ROI EN SON ROYAUME : Je est une légende - La capitale du royaume - Orphelins du rêve - La chasse à l'âme - 1987 - D'une royauté à l'autre - Dernières sorties
- AVANTQUE LE SOUVENIR NE S EFFACE : La symphonie des adieux - Les relais - Ultimes coups d'éclats - Vers l'au-delà des confins
- EPILOGUE : Jean Raspail ou la part du rêve
À l'occasion du centenaire de la naissance de Jean Raspail, cette première biographie menée comme un roman d'aventures par Philippe Hemsen, grand spécialiste de Stephen King, nous ouvre la vie et le coeur d'un aventurier hors pair, redécouvreur des civilisations perdues, qui laisse une oeuvre riche de plus de trente livres et d'une quinzaine de romans.
On bourlingue, pour reprendre le verbe de Cendrars, à travers toute la terre, en même temps qu'on pénètre les raisons des combats de Jean Raspail, sa volonté de préserver toutes les civilisations : les Alakalufs, les Indiens d'Amérique, les Aïnous, les Incas ou les peuplades des îles.
« Observer et ressentir, et comprendre que l'important est ailleurs, toujours ailleurs » : Jean Raspail avait fait sien ce credo. Ce récit est également l'occasion de revenir sur Le Camp des saints, best-seller mondial, qui cache peut-être l'essentiel de l'oeuvre.
Fiche technique
- Parution
- mai 2025
- Nombre de pages
- 392
- Hauteur
- 22
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 2.7
- Poids en KG
- 0.475