PLAISIR DE LIRE N° 200, **** :
On ne présent plus le style et le talent de René Bazin. La réédition de ce bon petit roman réjuira tous les amateurs de cet auteur renommé. Sous la forme d'un journal intime, on découvre les mésaventures d'un timide et rêveur "jeune premier"... On retrouve la délicatesse, le tact de René Bazin sa finesse d'analyse et son français si pur.
Pour qui ce livre ? Pour tous en particulier pour les jeunes filles ; dès 16 ans.
" Tantôt il frappait avec l'index la pièce à conviction, tantôt il me désignait en se détournant à moitié, et je devinais, sans rien entendre, toute l´âpreté des termes dont il usait contre moi. Le conservateur me parut ému. Je me sentais rougir. Il doit y avoir, pensais-je, une loi contre les taches d´encre, un décret, un règlement, quelque chose qui protège l´incunable. Et la sanction doit être terrible, puisque ce sont des savants qui l´ont faite : l´expulsion sans doute, en outre de l´amende, une amende énorme.
Ils sont en train de me dévaliser là-bas. Ce cahier qu'ils compulsent est évidemment le catalogue de la vente où ce trésor fut acheté. Je vais rembourser l´incunable. Ô mon oncle Mouillard ! J´en étais là de mes tristes pensées, lorsqu'un garçon de salle, que je n´avais pas vu s´approcher, me toucha l´épaule : ? M. le conservateur vous demande. Je me levai, et j´allai. Le terrible lecteur avait regagné sa place. [...] "
Juriste et homme de lettres, René Bazin est né à Angers en 1853. Journaliste au Figaro, au Journal des débats et à L’Écho de Paris, il est l'auteur de nombreux romans parmi lesquels La Terre qui meurt (1899), Les Oberlé (1901), et Le blé qui lève (1907). Ses biographies demeurent des références historiques.
Élu à l'Académie française en 1903, il meurt en pleine gloire littéraire le 19 juillet 1932, père d'une famille de huit enfants