BREIZ INFO : Lire l'entretien avec Jean Lopez
LE FIGARO HISTOIRE, novembre 2019 :
Un monument : sans doute le mot n’est-il pas trop fort. Il est difficile de fermer ce livre de près de 1000 pages sans céder à l’admiration. Barbarossa 1941. La guerre absolue de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri n’est pas un essai de plus sur une des batailles les plus titanesques de l’Histoire, c’est une somme d’érudition et d’analyse, une oeuvre à part entière. Les auteurs avaient déjà écrit une biographie de Joukov qui avait fait date. À travers ce nouveau livre apparaît un autre regard sur cette bataille de Barbarossa qui a suscité tant de fantasmes.
L'opération Barbarossa, qui s'ouvre le 22 juin 1941, ne ressemble à aucune autre dans l'Histoire. Elle met aux prises le deux systèmes militaires les plus puissants et les deux régimes les plus brutaux. Les plans sont ineptes, les armées bien en dessous de leurs missions. Dans le combat comme dans l'occupation, la Wehrmacht conjugue la logique exterminatrice du nazisme avec celle de sa propre culture militaire, qui pousse la terreur à son paroxysme. L'Armée rouge se vide de son sang, prise entre les feux d'une ennemi affranchi de toutes les normes humaines et la répression sauvage du bolchevisme stalinien.
Dix millions d'hommes s'affrontent lors de batailles aux proportions monstrueuses : les plus gros encerclements, les percées les plus spectaculaires, les retournements les plus improbables aussi. Le résultat de cette moisson de superlatifs est la création d'un brasier de proportions inouïes. Combats, exécutions, exactions, famines délibérées tuent en 200 jours plus de 5 millions d'hommes, de femmes et d'enfants, de soldats et de civils.
Ce semestre d'une densité extrême, le plus létal de la Seconde Guerre mondiale, méritait sa fresque. C'est à la brosser que se sont attachés Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri, passant du Kremlin au QG du Führer, des Etats-majors des Fronts à ceux des groupes d'armées, du NKVD aux Einsatzgruppen, des uités en marche aux unsines et aux fosses d'exécution.
UNE SOMME UNIQUE ET EXCEPTIONNELLE.
Catégories | Livres Histoire Deuxième Guerre Mondiale |
Éditeur | Passés composés |
Reliure | Broché, couverture souple avec rabats |
Parution | Novembre 2019 |
Nombre de pages | 960 |
Hauteur | 24 |
Largeur | 16 |
Épaisseur | 5.3 |
Les amateurs d’histoire militaire peuvent se réjouir: Jean Lopez est toujours aussi excellent quand il s’agit de la guerre à l’Est. On apprend beaucoup. Le récit des opérations est clair, bourré d’informations et suffisamment dense (qu’on peut facilement compléter avec des livres, le plus souvent anglo-saxons spécifiquement consacrés à telle ou telle bataille), et remet en cause bien des idées reçues (comme la transhumance industrielle vers l’Oural, l’impact de la boue, etc) et aborde des sujets souvent rapidement survolés, ou à tout le moins non saisis dans leur importance (comme l’action vaine du général Dietl pour s’emparer de Mourmansk, dans le grand nord ou encore l’invasion anglo-soviétique de l’Iran). Les erreurs commises dans les deux camps ne cessent de surprendre… J’ai particulièrement apprécié les nombreux témoignages de hauts gradés, les passages consacrés à l’organisation des deux armées (notamment le commandement), ainsi que les nombreuses cartes (par ailleurs très claires), signées Aurélie Boissière. On apprécie aussi le va-et-vient entre le front et d’autres considérations sur la guerre. Les auteurs n’oublient pas de faire intervenir les nombreux alliés -souvent négligés- de Hitler, d’expliciter leurs motivations, ni d’aborder la politique, avec les voyages d’Eden et autres envoyés anglo-saxons auprès de Staline (les prémices du soutien américain et le début de l’aide britannique sont passionnants à découvrir).