PRESENT DU 3 FEVRIER 2020 Anne Le Pape : Gemma Galgani, une sainte attachante et belle
— Comment avez-vous découvert cette jeune sainte ? — Je connaissais un peu Gemma, car les photos prises lors de ses extases montrent que les meilleurs tableaux ne peuvent rivaliser avec la réalité d’une expérience mystique saisie sur le vif. Elles ont sûrement contribué à la faire connaître. Je me suis intéressé ensuite de plus près à Gemma, car j’ai écrit la première biographie en français (aux éditions Téqui) de l’autre grande sainte de Toscane : Anne-Marie Redi, en religion Thérèse-Marguerite, qui a précédé Gemma au XVIIIe siècle. Toutes deux sont les plus grandes figures de la dévotion au Sacré-Cœur en Ita- lie. Je ne pouvais pas parler de l’une sans parler de l’autre… Ces jeunes saintes, envolées très jeunes vers le ciel, étaient des amoureuses de Jésus. Il le leur a rendu par le plus beau cadeau qu’il puisse faire : la sainteté sur terre et le paradis dès l’instant de leur mort…
— Qu’est-ce qui vous a amené à vous pencher sur son destin ? — Gemma est une fille attachante, avenante et belle, avec un caractère ardent. Elle vit au sein d’une famille nombreuse qui l’a recueillie, quand elle est devenue orpheline. Elle connaît des moments de bonheur auprès de sa tante Cecilia. C’est elle qui transcrit ses extases qui sont un des sommets des écrits mystiques. Gemma est suivie par le bon P. Germain qui l’aide et la conseille. La vie de Gemma vérifie ce que dit Thérèse de Lisieux au même âge et à la même époque, dans le prologue des Manuscrits autobiographiques : « Il [Dieu] n’appelle pas ceux qui en sont dignes, mais ceux qu’il lui plaît. » Gemma est dotée d’incroyables charismes : apparitions de Jésus et de Ma- rie, présence quasi continuelle de son ange gardien, stigmates, extases, persécutions du démon… Chose étonnante, elle ne parviendra pas à devenir religieuse et est donc une sainte laïque. Elle est un peu la patronne des êtres de désir qui n’ont pu réaliser leur vocation comme ils l’auraient voulu.
— Gemma est si parfaite ! N’est-il pas particulièrement difficile de s’identifier à elle ? — Gemma n’est pas parfaite. Elle dit avec sincérité, mais non sans exagération : « En somme, tous, tous les péchés du monde, je les ai tous commis », et elle intitule son autobiographie Le Livre des péchés. Plus sa courte vie s’avance, plus elle prend conscience de sa totale disproportion avec Dieu. Elle s’abreuve alors aux sources inépuisables de la miséricorde divine. Comme elle se fie uniquement au Christ, il peut la modeler à sa ressemblance. Son humilité et sa confiance la rendent accessible, quasi familière.
— Son ange gardien lui parle, elle le voit, il prie avec elle, la reprend, parfois rudement. Ce cas est-il rare dans la vie des saints ? — Ce cas n’est pas rare, car chacun est protégé par son ange gardien, mais, dans le cas de Gemma, l’ange se manifeste visiblement. Il la fixe du regard parfois avec sévérité, quand elle a fait le moindre écart. L’ange gardien applique à son égard le dicton « Qui aime bien, châtie bien », pour parfaire son âme et la mener directement au paradis. Les autres exemples de manifestations d’anges gardiens sont nombreux. Un des plus connus concerne Françoise Romaine (1384-1440) qui fut mère de famille et eut trois enfants. Son ange gardien la reprenait tout aussi rudement. Il y a bien d’autres per- sonnes pour lesquelles les anges sont des accompagnateurs visibles ou audibles. Ils les mettent en garde contre leurs défauts. Ils encouragent, consolent ou instruisent. C’est un thème que j’aborde dans mon ouvrage nouvellement paru lui aussi, Les Esprits célestes.
— Qu’avez-vous cherché à apporter de particulier dans cette nouvelle biographie de Gemma Galgani ? — J’ai essayé d’éviter à tout prix le récit hagiographique outré qui, à vouloir trop prouver, transforme les saints, ou les saintes, en des figures hiératiques et lointaines. Comme ce fut le cas lorsque j’ai rédigé les biographies de Joséphine Bakhita en 2015 ou de Mâtie (la patronne de Troyes) en 2018, j’ai cherché à décrire ces saintes d’une façon objective, à transcrire leurs paroles et leurs actes, tout en dépeignant leur environnement avec précision.
Lors de sa naissance, en 1878, la famille se réunit pour donner un nom de baptême au nouveau-né et un conle choisit le prénom de Gemma. La mère aurait préféré donner à sa fille le nom d'une grande sainte, mais elle ne pouvait se douter qu'elle en serait une... Un prêtre ami de la famille remarque intuitivement la signification mystérieuse de ce prénom et "Les gemmes (pierres précieuses) sont dans le paradis. Votre petite fille sera aussi, espérons-le, une gemme du paradis;
Malgré sa courte vie de 25 ans, la jeune fille de Toscane laisse une trace lumineuse et inoubliable. Guérie miraculeusement après une neuvaine au Sacré-Coeur et à Marguerite-Marie, la sainte de Paray-le-Monail, Gemma a la singulière particulière de vivre une relation amicale et suivie avec son ange gardien. Il l'aide à professer et n'hésite pas à la réprimander si nécessaire...
Malgré ses désirs, Gemma ne sera jamais religieuse et, en ce sens, on peut dire qu'elle est une sainte laïque. Sa vie quotidienne au sein de la famille nombreuse qui l'accueille, en tant qu'orpheline, comme sa vie spirituelle, sont bien connues par ses écrits. Les personnes de son entourage confirment ses extraordinaires charismes : les visites de Jésus, de Marie et des anges. Ils témoignent aussi de ses extases, de ses stigmates, de sa participation à la passion de Jésus, ou encore des sévices incroyables du démon à son égard...
Gemma connaît un attrait croissant. Cela est peut-être dûi à sa physionnoie attachante, mais surtout à la présence divine qui émane d'elle. En lisant cette biographie de Gemma, chacun ressent une profonde émotion et, en raison de son intimité avec le Christ, commune à son désir d'aimer.
Fiche technique
- Reliure
- Broché
- Parution
- Décembre 2019
- Nombre de pages
- 208
- Hauteur
- 22
- Largeur
- 15
- Épaisseur
- 1.2
- ISBN
- 9782956313731