Méditations sur la brièveté de la vie

   L'Aigle de Meaux nous apparaît trop souvent aujourd'hui comme une espèce de raseur solennel dont seuls quelques khâgneux connaissent encore le nom et que personne ne lit plus.

   C'est une erreur ! "Bossuet, écrit Claudel, est le plus grand maître de la prose française". Et Valéry : "Dans l'ordre des écrivains, je ne mets personne au-dessus de Bossuet".

   Epistolier, polémiste, historien, écrivain politique, conseiller du prince, Bossuet est d'abord, à nos yeux, un orateur sacré, peut-être le plus accompli de tous les temps.

   Ses oraisons funèbres les plus célèbres, celle d'Henriette de France et d'Henriette d'Angleterre, ne sont rien d'autre que des sermons chargés de faire "entendre aux hommes de grands et terribles leçons". Il écrivait souvent ses sermons ou ses oraisons funèbres. Mais il improvisant aussi beaucoup. "Il s'abandonnait, dit dans ses mémoires, l'abbé Ledieu qui fut son secrétaire, à son mouvement sur les auditeurs."

   La mort est toujours présente chez Bossuet et il l'oppose avec vigueur à "cette recrue continuelle du genre humain" qu'est l'enfance, appelée elle aussi à se faire tuer par l'âge, l'accident, la maladie, la mort. Parce qu'il est un orateur chrétien, il ne cesse de crier aux hommes qu'il ne faut pas aimer le monde et qu'il faut aimer Dieu.

   Toute son Å“uvre se confond avec ce défi qu'il lance inlassablement à ceux qui l'écoutent, aux grands princes, au roi lui-même : "C'est une entreprise hardie que d'aller dire aux hommes qu'ils sont peu de choses".