Mesure de la France

   Cet essai annonce les prochaines œuvres de Drieu, Le jeune Européen et Geneve ou Moscou, dans lesquelles il fera clairement le choix d'une "autre voie", celle de l'Europe.

   Mesure de la France, tout en proposant des pistes de réflexion, n'en délivre pas moims un message pessimiste : l'Europe n'a pas vécu la « der des der », comme certains, les plus nombreux, aimeraient à le croire, mais la Premiere Guerre. La suite de l'Histoire, avec la Seconde Guerre mondiale, lui donnera raison.

INFO 75 Arnaud Robert : L’âme visionnaire de Drieu La Rochelle

   Combattant de la Grande Guerre, blessé trois fois, Pierre Drieu La Rochelle a seulement 27 ans lorsqu’il publie Mesure de la France, en 1922. Cet essai est fondamental, car il démontre de manière magistrale la prescience de Drieu et l’extraordinaire pertinence de son analyse.

   Pour Drieu, c’est le nombre qui fonde la force, la confiance et la générosité d’une nation et, faute de prendre part à l’effort humain, de respecter la loi d’une natalité suffisamment vigoureuse, l’homme ne peut se maintenir et finit par s’anéantir. Drieu constate que la France a donc commis un crime : elle n’a plus fait d’enfants et il a manqué vingt millions de Français face à l’Allemagne surpeuplée. Il y a une défaillance de l’entendement et une victoire acquise seulement grâce aux autres, mais pas seuls ! Cette faiblesse gagne toute l’âme, tout l’esprit, corrompt les idées et invertit les gestes et les actes.

   Fort de cet implacable constat (la démographie fait l’Histoire), Drieu traite ensuite des empires (Chine, Empire britannique, Russies, Etats-Unis) et des faiblesses simultanées de la France et de l’Angleterre. Il prédit l’émergence des Etats-Unis, géographiquement privilégiés, ayant pour eux le nombre et l’énergie. Pour Drieu, l’ère des Patries n’est pas close, mais l’ère des alliances est ouverte ; l’Europe, prise entre ces deux masses que sont les Etats-Unis et la Russie, « se fédérera ou elle se dévorera, ou elle sera dévorée ».

   Drieu est également visionnaire lorsqu’il évoque, sous l’effet de la confusion de l’époque moderne, au milieu des ruines morales et intellectuelles, la disparition de l’autorité spirituelle, celle des partis (conservateurs, libéraux, radicaux, socialistes, communistes), celle des classes devenues interchangeables au profit de la folie matérialiste, du régime capitaliste et de la religion de la Production. « On produit pour produire, on fabrique pour fabriquer sans plus tenir compte ni des fins ni des moyens » écrit Drieu. Il poursuit : « L’ouvrier est pourri par la monnaie de son salaire comme le bourgeois par son bénéfice ». Drieu dénonce également l’abandon aux machines du pouvoir de l’homme sur la matière.

   Quatre articles écrits en 1939-1940, dont trois inédits, closent cet ouvrage prophétique, que l’on croirait avoir été rédigé aujourd’hui.

• Mention spéciale aux éditions Pardès pour la grande qualité de composition de cette réédition et la très belle préface de Franck Buleux.

   Au retour de la Grande Guerre, le sous-officier d'infanterie Pierre Drieu la Rochelle s'interroge sur la victoire des Alliés, dans laquelle il ne voit qu'un trompe-l'œil.

Jeune auteur de 27 ans, issu d'une famille nationaliste et conservatrice d'origine normande, il s'émeut des faiblesses de la France, posant    ainsi les limites du nationalisme intégral, cher aux partisans de Charles Maurras. Démontrant l'incapacité française à se régénérer humainement, il s'interroge, au-delà du fait national, sur le devenir de la puissance des nations.

• Dans la première partie de Mesure de la France, il consacre de larges développements à la dénatalité qui frappe son pays, véritable suicide (un "crime", dénonce-t-il). S'il a fallu la moitié de la planète pour vaincre l'Allemagne, qu'aurait pu la France seule ?

• Dans la seconde partie de l'essai, le déclin démographique français l'amène à s'interroger sur la puissance des nations, fondée sur la seule notion de Production, stade final du besoin économique. Il cherche les responsabilités des acteurs institutionnels, politiques et religieux de l'époque. Pour sauver la France, il en appelle à de véritables Alliances », fruits d'unions nationales, consenties sur un pied d'égalité en temps de paix, et non issues de guerres mortifères pour le continent européen.